C’est quoi le problème avec la compensation carbone ?
C’est un festival d’annonces ! Les grandes entreprises comme Microsoft, Appel, Google … et chez nous, Ethias, Delhaize… ont annoncé leur neutralité carbone pour 2030 ou exhibent fièrement leur certification Carbon Neutral dans leur communication. La solution : la compensation carbone.
« Je compense les émissions de CO² de mon activité économique en Europe par la plantation d’arbres en Afrique. Mon impact sur la planète est donc égale à ZERO ! Tout est parfait !«
Greenwashing ?
C’est un peu plus complexe que cela… Explications.

La compensation carbone, Carbon Neutral, qu’est-ce que c’est ?
La compensation, c’est « essayer de contrebalancer ses propres émissions de CO2 par le financement de projets de réduction d’autres émissions ou de séquestration de carbone » selon Wikipédia.
Concrètement, vous mesurez les gaz à effet de serre qu’émet votre activité privée ou professionnelle et vous financez des projets qui soit :
✔ captent le CO² dans l’atmosphère.
Ex : programme de plantations d’arbres dans une réserve naturelle.
✔ évitent le rejet de CO² dans l’atmosphère.
Ex : programme d’amélioration des cuisinières domestiques en Afrique.
Certaines entreprises arborent l’appellation Carbon Neutral ou CO2 Neutral®.
Elles ont financé à des programmes de compensation carbone à hauteur de leurs émissions. De leur point de vue, leur comptabilité carbone affiche un bilan à l’équilibre.
La méthode de compensation carbone
La compensation carbone est une démarche volontaire. Elle concerne les émissions de CO² équivalents incompressibles de votre activité. On parle donc des émissions de CO² que votre entreprise ne peut absolument pas éviter ni réduire.
Un programme de compensation carbone passe donc par :
1. Optimiser votre activité pour réduire ces émissions de CO² au maximum.
2. Puis de financer les programmes de compensation carbone à hauteur des volumes de CO² inévitables.
Ex : Une entreprise de transformation alimentaire optimise tous ses flux de production et aura toujours besoin d’un minimum d’énergie pour fonctionner. Les émissions CO² de cette énergie sont compensées dans le cadre d’un programme de compensation.
Les contrôles sur la compensation carbone
Vous ne pouvez pas planter un arbre dans votre jardin ou autour de votre entreprise et considérer que vous avez un programme de compensation en bonne et due forme !
Les programmes sont validés par des standards de certification rigoureux dont les plus connus sont le Gold Standard (GS) et Voluntary Carbon Standard (VCS).

Les certifications valident entre autres que le « bénéfice » carbone est
✔ mesurable,
✔ vérifiable,
✔ permanent (une forêt gérée durablement mais exploitée n’est dont pas éligible)
✔ additionnel
Le gain carbone du programme validé est traduit en crédit carbone, ou URCE pour Unités de Réduction Certifiée des Emissions, et mis en vente. Une fois que ce crédit est acquis par une entreprise, il est retiré de la « bourse du Carbone ». Il est donc impossible de vendre plusieurs fois le même crédit carbone certifié.
L’entreprise reçoit un certificat validant cet achat spécifique.
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Les Pours et les Contres de la compensation carbone
Tout est donc sous contrôle.
Quel est le problème alors avec la compensation carbone ?
Les arguments POUR la compensation carbone
1. Mieux vaut compenser le carbone émis que ne rien faire du tout !
A défaut d’être vraiment neutre en carbone d’un point de vue opérationnel, ce que l’on émet dans l’atmosphère est recapté ailleurs… La balance est donc à l’équilibre.
2. La compensation carbone finance des programmes de protection et de déploiement des puits carbones avec des bénéfices collatéraux importants comme la protection de la biodiversité, la création d’emplois, la protection de la santé…
3. La compensation carbone finance des programmes d’aide Nord-Sud et permet aux régions défavorisées de protéger leurs ressources, d’accéder à des technologies de type énergies renouvelables.
4. Compenser vos émissions montre votre préoccupation pour l’environnement.
Ce programme de compensation a un cout non négligeable :
– l’audit Bilan carbone®,
– les investissements et programmes de réduction d’émissions dans l’entreprise
– le cout des crédits carbone compensés
5. La compensation carbone, c’est bon pour votre image de marque. Les consommateurs favorisent les entreprises qui s’engagent pour lutter contre les bouleversements climatiques.
6. La compensation carbone peut devenir un argument de différenciation concurrentielle. A qualité de service identique, l’entreprise engagée pour l’environnement est privilégiée par les consommateurs.
Oui, mais …
Le problème, ce sont LES HYPOTHESES DE DEPART !
1. Les bouleversements climatiques sont majoritairement dû à l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Revenir à l’équilibre consiste à arrêter d’émettre du CO2 (gaz à effet de serre principal) et à capter celui qui sature notre atmosphère grâce aux puits carbones, c’est-à-dire l’océan et les plantes.
Ceci est vrai à l’échelle planétaire.
En tant qu’organisation, compenser vos émissions carbone ne vous extrait pas de la réalité climatique de la planète ni de votre dépendance aux énergies fossiles.
Vous n’avez pas éliminé le risque.
« Elle a juste anesthésié ses collaborateurs en s’autoproclamant immunisée alors que l’épidémie est toujours là.
Financer la reforestation est une priorité, mais doit être fait en plus, et non à la place, d’une fin de la dépendance de la chaine de valeur aux combustibles fossiles ! » Jean-Marc Jancovici
Mais comme aujourd’hui compenser vos émissions carbone coute moins cher qu’investir dans la réduction vos émissions…
3. Le problème avec la compensation carbone c’est ce que les entreprises prennent en considération.
La majorité des entreprises Carbon Neutral calcule uniquement les émissions sur ce que l’on appelle les scopes 1 et 2 : l’énergie nécessaire pour leurs bâtiments, leurs véhicules, le chauffage, l’électricité… Ce calcul n’intègre pas les émissions pour la production et le transport de leurs matières premières ni les émissions post-transformation : transport vers le distributeur ou le client final et encore moins les émissions pour le traitement en fin de vie de leurs produits…

4. Le problème avec la compensation carbone, c’est la méthodologie.
Deux entreprises « neutre en carbone » ne sont pas comparables dans leur neutralité : le périmètre (ce que l’on prend en compte), la méthodologie, la procédure et l’ambition ne seront pas identiques et aboutissent pourtant à la même « certification » !
L’évaluation du puits carbone, malgré les certifications fait également l’objet de variation et d’hypothèse qui rendent les projets non comparables et peu fiables.
« L’absence d’une définition universelle faisant autorité rend complexe l’évaluation de la véracité des ambitions, en particulier quand le terme n’est pas clairement défini par une organisation. » EcoAct

5. La compensation carbone est « à retardement ». Tandis que votre entreprise émet, ici et maintenant, l’arbre que vous avez planté pour compenser vos émissions, va prendre plus de 20 ans pour absorber ce CO² dans l’atmosphère. Pendant ce temps, le CO² émis aura déjà participé au réchauffement climatique.
Ne compensez plus, contribuez !
Ce qu’il faudrait faire …
développer sa comptabilité carbone et s’engager dans des objectifs de réduction d’émission ambitieux.
Le terme « compensation carbone » est une expression abusive 100% marketing. L’ADEME promeut plutôt le terme de contribution carbone. L’idée est d’envisager son impact CO2 sur la planète selon une triple comptabilité.
Votre stratégie sera organisée en 3 axes :
- réduire drastiquement vos émissions directes et indirectes
- développer, favoriser l’accès à des produits et services bas carbone pour vos clients.
- augmenter les puits de carbone en finançant des projets de reforestations, de protections de la nature …
Il n’y a pas de soustraction entre vos émissions carbones d’un côté et le financement de projet bas carbone de l’autre. Ce sont 3 « comptes » séparés qui font l’objet d’objectifs et d’évaluations distinctes.
Donc on ne compense plus, on contribue.
C’est choux vert et vert choux non ?
Non.
Les mots que nous employons nous obligent. Ils influent sur notre vision et notre relation au monde.
En matière de communication et de dynamique d’entreprise, cela change tout.
1. Vous développez une communication transparente et spécifique sur votre impact et vos efforts de réduction d’émissions. Donc vous donnez des chiffres.
2. Vous contribuez à financer des projets qui permettent à d’autres populations de ne pas subir les désastres de nos choix de société.
3. Vous vous mettez dans une trajectoire dynamique et volontaire bas carbone plutôt que de considérer que tout est sous contrôle, que vous pouvez continuer à fonctionner comme avant.
Pour poursuivre l’analyse, je vous invite à consulter le mémoire de Nadège Vanhoutte « Neutralité carbone des entreprises : vraie solutions aux enjeux climatiques ? »
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Valérie Geron
★ Facilitatrice en développement durable.
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Mes outils : l'inspiration, l'intelligence collective, le management participatif.
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